fbpx

Le grèbe à cou noir en Sologne

Description

Petit grèbe d’une trentaine de centimètres de longueur, le grèbe à cou noir Podiceps nigricollis en plumage nuptial est somptueux : son petit bec noir légèrement recourbé, ses joues or et son œil écarlate contrastant nettement avec le reste de la tête et du cou d’un noir profond le rendent particulièrement remarquable.

grebe a cou noir1

Répartition

Le grèbe à cou noir a une large répartition mondiale : Europe, Asie, Afrique et Amérique du Nord.

En France, où il niche depuis un siècle environ, il se reproduit régulièrement en Dombes, dans le Forez, en Sologne, en Brenne, en Lorraine et occasionnellement en faible nombre dans le reste du pays. L’effectif national était estimé entre 850 et 1150 couples dans les années 80 et entre 1000 et 1400 couples en 1997 avec une tendance à l’augmentation.

En Sologne, le grèbe à cou noir est noté nicheur à partir des années 20. En 1978, Perthuis signale la présence de 31 couples en Sologne. En 1990, Beignet revoit ce chiffre à la hausse et suggère l’existence d’une population de 50 à 100 couples. Actuellement, on peut estimer qu’une centaine de couples est un minimum (de 86 à 172 couples pour les années 95-97 d’après Beignet et Serveau). On note donc une tendance lente à la progression de l’espèce en Sologne, comme cela est le cas sur l’ensemble de la France.

Biologie de la reproduction

Espèce migratrice, le grèbe à cou noir est absent de Sologne en hiver (à de rares exceptions près). Les premières arrivées sont notées en février ou début mars puis un important flux migratoire traverse la Sologne en mars et début avril. On peut alors noter de grands rassemblements au mois de mars sur certains sites, en particulier ceux abritant un dortoir de mouettes rieuses. C’est le cas par exemple à l’étang de l’Arche à Chémery, où de 100 à 200 individus sont présents fin mars lorsque plusieurs milliers de mouettes rieuses se rassemblent pour dormir. Les grèbes profiteraient-ils de la présence des Laridés assez agressifs pour se protéger ?

Les grèbes à cou noir se dispersent ensuite sur l’ensemble de la Sologne pour occuper leurs sites de reproduction. Ces sites sont variables d’une année à l’autre et il n’est pas rare de voir un étang accueillir une colonie de plusieurs dizaines de couples une année et aucun ou seulement quelques-uns l’année suivante.

Les colonies s’installent volontiers en compagnie de Laridés nicheurs, comme les mouettes rieuses ou les guifettes moustacs. Là aussi, les grèbes profiteraient-ils de la présence des Laridés ? Cette promiscuité apparemment recherchée avait déjà été notée par de nombreux auteurs sur la plupart des colonies de reproduction en France. Mais ce n’est pas une règle absolue en Sologne, loin de là ! Il semble que ce soit le cas pour les colonies les plus importantes mais il n’est pas rare d’observer quelques couples reproducteurs «isolés ». En 2000, sur 10 sites occupés, 6 l’étaient en compagnie de Laridés et 4 sites étaient des colonies «isolées », mais ces 4 derniers sites totalisaient seulement 10 couples (contre plus de 100 pour l’ensemble de la Sologne). Les effectifs des colonies vont de quelques couples (parfois 2) à plusieurs dizaines de couples (au moins 45 sur l’étang de l’Arche en 1998).

Les deux parents construisent le nid, simple plate-forme constituée de débris végétaux. La ponte a lieu tardivement au mois de mai, parfois en juin. Elle est constituée de 3 œufs en général. L’incubation dure 3 semaines environ et les deux parents nourrissent les jeunes. On peut alors voir un parent transporter les jeunes sur le dos, comme le font aussi les autres membres de la famille des grèbes. Le succès de reproduction est faible : les prédateurs et les variations du niveau d’eau ont souvent raison de bon nombre de jeunes ou d’œufs. En Sologne, les nichées de 1 ou 2 jeunes sont la généralité, les nichées plus nombreuses étant l’exception. Les adultes se nourrissent d’insectes et de larves principalement, parfois de mollusques, de crustacés, d’amphibiens et rarement de petits poissons. Ils nourrissent leurs jeunes de bec à bec après avoir plongé, les jeunes venant réclamer leur pitance dès la remontée d’un adulte. Les jeunes deviennent indépendants vers l’âge de 45 jours et dès le mois de juillet, les adultes et les jeunes se dispersent sur la Sologne et au-delà.

Les derniers individus solognots sont observés en octobre et novembre.

Le grèbe à cou noir fait partie des espèces dites «patrimoniales » de Sologne. Nous nous efforçons de suivre sa reproduction d’année en année pour pouvoir évaluer ses effectifs aussi précisément que possible. Aussi toute information concernant sa reproduction nous intéresse. Alors, n’hésitez pas à nous contacter si vous aussi vous observez cette magnifique espèce surtout si vous observez la petite tête bigarrée d’un jeune grèbe à cou noir !

Frédéric Pelsy